Lundi soir, Yannick Borel, Ronan Gustin et Daniel Jérent ont vécu des retrouvailles intenses sur la piste. Et ils nous ont fait vibrer, devant nos écrans on est passé par tous les états. Ils nous ont fait vivre un grand moment de sport. Ensemble, ils sont allés chercher l’or. Ils nous ont emmenés avec eux sur le podium. Une énergie, une complicité, des émotions, ils nous ont fait partager avec eux leur bonheur. Ronan Gustin et Yannick Borel racontent leur journée en or.
RONAN GUSTIN, tEs sensations sur cette compétition par équipes ?
« On a été monstrueux ! On a fait une très belle compétition. On a étouffé nos adversaires lors du quart de finale et de la demie. On ne se posait pas la question de qui c’était en face, on voulait juste gagner. L’Ukraine est une équipe redoutable avec des individualités très fortes mais ils rencontrent un peu des difficultés dans l’épreuve par équipes. Ils ont souvent eu du mal à sortir des quarts. On savait que ça allait être dur. On a été en difficulté sur quelques relais, mais on a été solidaire.
Mon rôle avec mon jeu est de stabiliser les matchs. Je ne prends pas la tempête mais je fais +2. Ce qui est déjà énorme. On a gagné nos derniers relais. Daniel avait fait un gros boulot en revenant à égalité. J’étais confiant quand Yannick a pris le dernier relais. Je ne m’en sors pas trop mal côté forme physique avec ma blessure. J’ai eu peu de préparation suite à une grosse entorse à la cheville gauche."
Ce nouveau titre par équipes ?
"Ce n’est que du bonheur, c’est mon troisième titre et les trois avec Yannick. Le second avec Daniel. Le premier avec Alexandre qui a beaucoup appris pour ses premiers mondiaux. "
Le retour de Daniel Jérent ?
"Ce fut une grosse bouffée d’oxygène ! Il a eu des difficultés aussi mais il a montré qu’il était là. On tire ensemble à Levallois, on a gagné des titres. On se connaît parfaitement. Donc ça facilite la communication."
Objectif Tokyo ?
"Maintenant, on a un bon pied à Tokyo. C’est bien parti, on est repassé deuxième au classement mondial. Il faut marquer le coup sur les prochaines compétitions. L’objectif de cette année était de de qualifier l’équipe. L’an prochain, l’objectif sera de me qualifier à mon tour en faisant les meilleurs résultats en individuel pour ne pas me mettre en difficulté."
La suite de l’été, c’est quoi ?
"15 jours de travaux dans mon appartement avec mon père et 15 jours de vacances en Italie sans sport. Ça sera ma coupure annuelle à profiter des bonnes choses de la vie. Puis, la rentrée le 9 septembre avec un stage en équipe de France."
Yannnick borel, alors cette finale ? et surtout ce dernier relais de feu ?
« On a été réaliste. On revient de nos plus mauvais championnats d’Europe alors on a emmené de l’eau à notre moulin. Sur le dernier relais, je me dis dit que c’est celui qui nous fera gagner ou pas. J’ai une attitude ultra motivée. Il fallait que je le batte jusqu’à la dernière touche. Je pense qu’il ne s’attendait pas à un tel match. Il n’a pas aimé que je ne lui rentre dedans, il pensait peut-être que j’allais m’installer dans le match. Sauf que je n’avais pas envie d’attendre et ça marchait. Il fallait juste que je fasse le taff, je n’avais pas de doutes. Il m’a toujours posé beaucoup de problèmes, donc j’y suis allé à fond. A 35/35 je ne suis pas serein. Je me dis « fais ce que tu sais faire et va chercher ce que tu veux et ce que le collectif à travailler ». Ça m’a donné des ailes. Je ne pensais pas mettre 8/2. A aucun moment j’y ai pensé car je pensais que ça allait être un match serré.
Ce nouveau titre par équipes ?
C’est mon troisième titre par équipes (2011-2017 -2019). Toujours avec cette équipe. On perd moins d’énergie à se donner des conseils, on se connait par cœur, on a des gestuels, on se dit tout tout de suite. C’est plus fluide. On se retrouve en club, ça nous permet d’entretenir la machine. Ça nous permet d’améliorer la construction et les rouages de l’équipe.
Le retour de Daniel Jérent ?
On s’est retrouvé avec Daniel. Ce fut des automatismes retrouvés, une énergie. Il hurlait sur la piste quand il mettait une touche, il criait sur le banc. Ça fait du bien. On est toujours vigilant et on sait ce qui nous fait gagner.
Objectif Tokyo ?
On n’est pas tombé dans le piège du calcul olympique. On a fait notre compétition sans penser à l’enjeu. On a un pied au Japon. Si on gagne la prochaine Coupe du Monde ou si on va en finale sur les deux prochaines, on met le deuxième pied. Mais c’est sûr, on a gagné des précieux points. On envoie un message fort à nos adversaires, on n’est pas prêts à lâcher le steak. Si on peut tout gagner, on ira tout gagner. On va tout faire pour y arriver. Et je sais que ce n’est pas fini.
Les prochains objectifs ?
C’est de me reposer mentalement et physiquement. L’escrime, ça prend beaucoup de place donc souffler, prendre du temps avec ma famille, profiter sans déconner car tout le travail que je fais depuis 3 ans ne doit pas être perdu.
Pour la saison prochaine, l’objectif est de ramener les deux titres de Tokyo. Cette victoire est une petite pierre de plus sur mon chemin vers Tokyo. Ce sont toutes les petites victoires qui vont m’emmener à la victoire ultime. Je n’ai aucune garantie mais j’ai confiance en ce que j’ai mis en place. Ce titre, donne de la confiance. Aujourd’hui, je n’ai jamais été fort de toute ma carrière. Il faut que je fasse fructifier ça. Je suis à 4 titres en 3 ans, mais ce n’est pas fini, ce n’est pas une fin en soi. Je suis sur la bonne voix pour réussir. J’espère pouvoir dire après Tokyo que j’ai réussi. Dans le sport de haut niveau, exister est très difficile. Je l’accepte. C’est la réalité dans un sport comme le nôtre, en tennis on est plus indulgent avec les champions. Dans un sport olympique, il faut le titre pour exister. On connaît les gars qui ont gagné mais celui qui fait deuxième/troisième, on ne sait pas. Il y a un seul titre et il est très très convoité. C’est une journée, c’est éphémère. On se prépare pendant quatre ans et c’est ça qui le rend aussi beau. La compétition est organisée pour celui qui gagne et les autres participent.
La suite de l’été, c’est quoi ?
Les vacances en Guadeloupe à profiter de la famille. Reprise aussi le 9 septembre.
Nous retrouverons nos épéistes à Berne, lors de la coupe du Monde qui compte pour la course aux points olympiques.